On est tous pêcheurs à pied – A 4 pattes, le cul levé – Les fesses au vent on peut pas nier – On est tous prosternés
Si ça passe 100 comme coefficient – Dès qu’y a de l’étiage y’a plus de plage - La foule réclame, toujours plus de clam Pas d’quoi s’marrer pour les grandes marées
Pêcheurs à pied à Noirmoutier – Toujours penchés à ratisser - Les pieds dans l’eau, mains dans la vase – Pas mal au dos pour les coquillages
On est tous pêcheurs à pied – A 4 pattes, le cul levé – Sans l’élégance des échassiers – On est tous pêcheurs à pied
Le bois d’la Chaize demeures bourgeoises – C’est pour les snobs, y’a pas de vase - Les vieux gréments, et les voiliers – C’est pas pour ceux qui vont gratter
Aux grandes marées, c’est la ruée – Les bottes aux pieds, râteau panier - Pour s’hydrater, rosé dans la gourde – La vase on racle pour les palourdes
On est tous pêcheurs à pied – On passe son temps à gratter - On est tous pêcheurs à pied – Tant de traces à effacer
Du pont d’Yeu au passage du Gois – Plage des Sableaux, port du Bonhomme - Où que tu ailles c’est plein d’endroits – Silhouettes penchées point ne chaument
On est tous pêcheurs à pied – A 4 pattes, le cul levé – Sans l’élégance des échassiers – On est tous pêcheurs à pied
La mer couleur de glaise, une brume sale cache l’horizon sur les vasières et les gravières trouées de flaques couleur d’urine qui émergent autour de la chaussée à fleur d’eau. Tout un peuple de la boue armé de pelles et de seau hygiéniques patauge à perte de vue dans la brumaille grise à travers de ces champs d’épandage. Le pullulement trempé des insignifiantes silhouettes grises sur les fondrières évoque tout à coup je ne sais quel exode maudit après un déluge. Une tribu pourchassée vers les lisières de mer, tentant d’arracher quelque reste de subsistance à la vase originelle Julien Gracq, Lettrines 2
Debout les damnés de la terre – De la vasière et du limon
A 4 pattes, le cul levé – On est tous pêcheurs à pied - Sans l’élégance des échassiers – On a tous quelque chose à chercher